Vivre la paix au quotidien avec l’AïkiCom
Par Christian Vanhenten, Concepteur de l’AïkiCom, Maître praticien en PNL, Professeur d’Aïkido au Dojo Kimochi de Namur-Jambes et membre du Comité de la Semaine Internationale Aïki pour la Paix.
Plus une idée est belle plus elle peut sembler déconnectée de notre réalité. Prenons la Paix. Qui ne la souhaite pas ? Qui lui préfèrerait la guerre, l’agression, la violence ?
Pourtant, la violence, l’agression et la guerre font partie de l’actualité, de notre actualité.
Il y a bien sûr les violences et conflits lointains, Syrie, Afghanistan, Iraq et j’en passe. Mais ceux-là nous disculpent. C’est loin. C’est les autres. Ils ne comprennent pas. C’est pourtant facile. « Ils n’ont qu’à… » !
Puis nous montons dans notre voiture et nous entrons dans le monde réel. Au premier refus de priorité de ce conducteur discourtois, les noms d’oiseaux prennent leur envol. Avec nos proches ce n’est pas toujours plus brillant. Nous n’arrivons pas à nous réconcilier avec notre meilleure amie, notre frère, notre mari, notre collègue, convaincus d’avoir raison et lui ou elle tort.
Et ne parlons pas de nos bonnes résolutions. Perdre du poids, faire du sport, passer plus de temps en famille, aller coucher plus tôt, ces belles décisions se heurtent à la dure réalité du quotidien et nous nous en voulons de ne pas être celui ou celle que nous voudrions être. Conflit et violence intérieure.
Les plus belles valeurs ont leur part d’ombre. La paix n’a de sens que par rapport à la guerre et à trop vouloir la paix, on renforce la guerre. Mais que faire alors ?
L’AïkiCom propose de saisir à bras le corps ce dilemme en s’appuyant sur les principes de l’aïkido, art martial et art de paix.
Beaucoup connaissent de l’aïkido l’idée qui consiste à ne pas s’opposer à la force de l’attaque. Peu prennent la mesure du champ immense d’application qui s’ouvre à eux au quotidien. C’est qu’il y a des conditions à satisfaire pour faire de l’attitude Aïki un art de vivre. L’objectif poursuivi par l’AïkiCom est de nous aider à les découvrir pour les appliquer dans de multiples circonstances de vie.
L’AïkiCom nous rappelle tout d’abord l’importance du corps qui peut devenir une boussole pour nous orienter dans nos choix ou un détecteur de tension pour nous indiquer que nous nous écartons de la voie que nous nous sommes tracée. Bien souvent, nous vivons tellement hors de nous-mêmes que nous ne percevons pas – ou trop tard – quand la situation bascule. A ce moment-là, les techniques de communication apprises mentalement ne sont plus accessibles. Nous passons en mode survie et notre mental nous construit dare-dare une raison, un laisser-passer pour justifier notre agressivité. Et la spirale négative s’amorce.
Ensuite, il y a la gestion de la relation dans le conflit. Comment revenir à soi et accueillir l’énergie qui se présente à moi sans basculer dans la violence ou me retrouver au tapis ? La transformation du conflit pour restaurer le dialogue et éviter l’escalade de l’agressivité voire de la violence est magnifiquement illustrée par les enseignements de l’aïkido. L’aïkicom les transpose dans notre quotidien, dans nos comportements et nos paroles.
On est à mille lieues des trucs de communication, des recettes à l’emporte-pièce. La véritable paix ne s’obtient pas par la sophistication de nos armes mais par notre manière de voir le monde et de concrétiser cette vision dans nos comportements. Cela passe par un retour à soi et des choix d’action qui partent de nous-mêmes. Le corps est alors notre allié. Il vient équilibrer le mental qui souvent est amené à reproduire les comportements du passé. Le corps vit au présent et nous parle. Mais avec nos vies trépidantes nous manquons de pratique. Un peu comme l’espagnol que nous ne pratiquons qu’une semaine par an, lorsque nous partons en vacances.
Mais restons réalistes. Nous ne vivons pas dans un monde de bisounours. S’il suffisait de penser à la paix pour la rendre omniprésente, cela se saurait !
Il nous faudrait alors évoquer l’idée d’un combat pour la paix. Le thème du guerrier revient en force dans le monde du développement personnel et c’est le message que Stéphane Hessel nous a transmis quand il a écrit Indignez-vous puis Engagez-vous. Le combat n’est pas l’expression de la violence mais de notre volonté d’affirmer nos valeurs et de les concrétiser. Il nécessite courage et persévérance. A l’heure où nombreux sont celles et ceux qui croient faire preuve de militantisme en cliquant « J’aime » sur une page (comportement qualifié en anglais par le mot « clicktivism » ou activisme par clic), il est bon de rappeler que c’est par nos actes que nous changeons les choses. Il faut de la force pour rester soi-même et ne pas basculer dans l’agressivité face à une personne qui tente de nous déstabiliser. Il faut de la force pour dire son désaccord plutôt que de ruminer sa frustration qui éclatera dans d’autres circonstances. Il faut de la force pour revenir dans la bienveillance avec votre proche quand celle-ci ou celui-ci vient d’avoir un comportement vous portant préjudice mais en exprime le regret et revient à une plus juste attitude.
A Thomas d’Ansembourg et son « Cessez d’être gentil soyez vrais », je voudrais répondre : « Ne cessez pas d’être gentils, soyez forts ». Il ne s’agit bien sûr pas de force musculaire mais bien de celle qui naît de la présence à soi, du retour au présent. Si je suis présent à moi, je peux exprimer mon ressenti, mes émotions et écouter l’autre sans me sentir menacé ni vouloir imposer mon point de vue. Dès lors que je me sens bien avec moi-même, je peux rencontrer l’autre dans le respect mutuel. Cette force personnelle crée un espace de sécurité qui me permet d’accueillir la différence, même si celle-ci est exprimée avec agressivité. La dynamique Aïki peut se résumer par ces deux mots : accueil et transformation. Dans le conflit, je peux écouter le point de vue de l’autre, exprimer ma vision et contribuer à installer le dialogue d’où émergeront les pistes où chacun se sentira respecté.
Cette démarche nécessite un investissement personnel. L’attraction exercée par la spirale de la violence nécessite de donner de soi mais le jeu en vaut la chandelle car comme le déclarait Martin Luther King : l’obscurité ne chasse pas l’obscurité, seule la lumière peut le faire.