« Le meilleur moyen de se faire des amis dans un univers inamical, c’est d’adopter les ennemis des autres » (GIRARD, R.)
Nous pourrions postuler que l’être humain est bon ou mauvais « par nature », dans son essence, qu’il est « comme ça » et que nous ne pouvons rien y changer. Il y a les « gentils » et les « méchants ».
Une autre approche consiste à poser qu’il existe des circonstances qui font que des femmes et des hommes peuvent sombrer dans la violence, ou au contraire s’élever et vivre en harmonie.
Bien qu’il y ait des contextes et des conditions plus ou moins favorables à tel ou tel comportement, l’être humain n’est donc pas prédéterminé au « bien » ou au « mal ». Cette considération est un pari nécessaire en éducation à la paix et en formation à la gestion de conflits. Elle signifie que nos actes ne sont pas définis à l’avance, et donc que nous pouvons avoir un impact sur eux. Cela veut dire aussi qu’éduquer est possible, tout simplement.
Par rapport à tout phénomène relationnel, d’une part, il existe des méthodes et outils pour mieux communiquer, pour se sentir mieux avec soi-même et avec autrui. D’autre part, il existe un terreau fertile à plus de compréhension mutuelle et à un meilleur vivre-ensemble, tout comme il existe un terreau fertile à la violence. C’est une des raisons pour lesquelles, à l’Université de Paix, nous développons des approches intrapersonnelles et interpersonnelles (estime de soi, travail sur les croyances et représentations, gestion du stress et des émotions, Communication NonViolente, négociation, médiation…), mais aussi des réflexions groupales, organisationnelles et institutionnelles (dynamiques de groupes, règles et sanctions, climat scolaire, politiques « vivre-ensemble », etc.).
Dans l’article Les présupposés moraux des méthodes d’intervention efficaces face au harcèlement scolaire, nous approfondissons ces « présupposés moraux », sur lesquels reposent notamment les méthodes d’intervention efficace par rapport au harcèlement.
En effet, celles-ci misent sur une responsabilisation des jeunes, les rendant acteurs de la situation et de sa résolution. Les jeunes, y compris ceux qui harcèlent, ne sont pas des intimidateurs une fois pour toutes, comme si cela était inscrit dans leur identité. De plus, celles-ci portent une attention particulière aux dynamiques sociales qui font que « le meilleur moyen de se faire des amis dans un univers inamical, c’est d’adopter les ennemis des autres ». Si la violence peut émerger de différentes frustrations, elle peut aussi être le résultat de dynamiques grégaires qui visent à désigner un bouc-émissaire pour canaliser l’insécurité du groupe…
Pour les éducateurs, animateurs, enseignants et autres personnels du monde éducatif au sens large, les outils qui en découlent peuvent être complétés de techniques de gestion d’un groupe d’enfants ou de jeunes ou encore de programmes éducatifs de fond.
Il arrive néanmoins que le changement escompté ne suive pas la volonté de changer. Comme dans le cas des dynamiques grégaires qui « conditionnent » en partie les réactions individuelles, nous sommes tributaires de certains « automatismes ». Ainsi, nos croyances peuvent influencer nos manières d’agir et de réagir, comme c’est le cas pour les personnes qui ne supportent pas d’avoir tort, par exemple.
Nos formations visent notamment à outiller les acteurs éducatifs face aux conflits auxquels ils peuvent être confrontés. De ce fait, l’Université de Paix continue – et continuera – à produire, partager et diffuser des ressources pédagogiques et des contenus et méthodes de formation afin d’outiller chaque personne qui le souhaite à résoudre ses conflits positivement.