L’Université de Paix propose à plus de 500 enfants un programme d’éducation citoyenne visant à les rendre autonomes dans la gestion de leurs conflits au quotidien. Ce cursus se veut être une initiative durable : il s’agit aussi d’informer et de former les parents, les enseignants et les directions.
En bref :
- Vivre ensemble, comprendre, communiquer, agir : quatre clés de la gestion de conflit.
- Le programme éducatif « Graines de médiateurs » touche chaque année plus de 500 enfants.
Le projet « Graines de médiateurs », soutenu par la Fondation Bernheim, a pour finalité d’accompagner les enfants dans l’apprentissage de la prévention et de la gestion de leurs conflits. Via un programme concret qui s’étale sur deux années scolaires, l’Université de Paix propose des outils, temps de réflexion et activités pratiques afin de contribuer à une éducation citoyenne durable des jeunes.
En pratique : quatre « rouages » pour mieux vivre les conflits
L’Université de Paix applique une méthodologie propre par rapport à l’apprentissage de la gestion des conflits au quotidien. Quatre « rouages », piliers de l’expérience du conflit, sont distingués et travaillés : comme dans un mécanisme complexe, la modification d’un seul engrenage a des répercussions sur tout le système dont il fait partie.
Un premier rouage est le « vivre-ensemble » : par des activités de mise en situation, il est question ici de créer du lien, d’apprendre à se connaître. Le « comprendre », ensuite, consiste en un temps de réflexion sur les attitudes, perceptions et ressentis par rapport au conflit. Le pôle « communiquer » exerce quant à lui l’écoute et l’expression. Enfin, l’« agir » invite à passer à l’action, en tant que partie ou comme tiers intervenant.
Illustrons concrètement une des dimensions du projet. En début de parcours, dans une classe où l’enseignant suit le programme pour la première année, 10% des enfants seulement distinguent correctement les faits des jugements. En fin de cette même année scolaire, ils sont 50 %. Dans une classe où l’enseignant a été formé un an, le pourcentage initial est déjà de 60%, et de 80% en fin d’année.
Catherine Bruynbroeck, enseignante à Ixelles, témoigne par ailleurs : « Lorsque j’ai débuté, ma classe était réputée comme « très difficile », les professeurs s’en plaignaient beaucoup. Les exercices ont mis du temps à faire de l’effet, mais petit à petit, quelque chose s’est produit et c’est devenu une classe dynamique, des enfants avec qui on peut avoir des échanges très enrichissants, le tout dans le respect des règles de vie en école. Nous avons mutuellement changé nos regards sur l’autre ».
Un travail sur le long terme
En 2010, les activités du cursus « Graines » ont été dispensées dans 24 classes, de 11 écoles différentes (tous réseaux confondus) situées en Communauté française. Depuis son lancement, le programme concerne chaque année plus de 500 enfants de troisième et quatrième primaire, mais aussi leurs parents, leurs instituteurs et institutrices, ainsi que les directions.
En pratique, ce travail mobilise des formateurs et collaborateurs extérieurs à raison d’une séance de deux périodes de cours par classe et par mois.
Aux activités en classe, il faut ajouter les journées ou soirées de formation et d’information des enseignants, parents et directions : coaching des professeurs après chaque activité, journées à l’Université de Paix,… L’idée est que les outils présentés puissent être mis en œuvre de manière autonome tant par les enfants que par les personnes qui en ont la charge. Au terme des deux années, l’enseignant doit être capable de réaliser le programme dans ses nouvelles classes.
L’histoire de « Graines » commence dans les années nonante, lorsque des formateurs de l’Université de Paix s’aventurent au Québec, afin d’y découvrir de nouvelles pédagogies. A leur retour, ils mettent en place plusieurs activités, les testent et les évaluent. En 2000, ils publient un premier livre ; « Graines de médiateurs ». L’enrichissement issu de leur pratique de terrain leur permet ensuite, après dix autres années d’expérimentations, d’éditer eux-mêmes un second tome, manuel pratique.