Programme de formation détaillé
Le programme de formation détaillé vous est présenté ci-dessous, de manière à être reproductible. Nous y ajoutons nos commentaires suite à l’expérimentation des activités.
Dossier esprit critique et complotisme
- Descriptif du projet – Conception, réalisation et évaluation d’un module de formation : « Développer l’esprit critique par rapport au complotisme ».
- Vous êtes ici : Introduction du module de formation (cadre de vie, plan, présentation du groupe, présentation des objectifs)
- Définitions (complot, théories du complot, rumeur, complotisme…) et précautions d’usages
- Construction et application d’une grille d’analyse à des documents médiatiques
- Analyse de l’argumentation complotiste – La rhétorique et les biais complotistes
- Activité de décentration et prolongements pédagogiques
- Glossaire (complot, théorie du complot, rumeur, biais cognitifs, pétition de principe, etc.)
- Esprit critique et complotisme : bibliographie
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Cadre de vie
Dans une telle formation, il nous parait important d’insister sur la confidentialité et sur le fait que chacun a le droit à la parole de manière ininterrompue. Nous permettons aussi aux participants qu’une activité mettrait dans l’inconfort de ne pas y prendre part (« droit au stop »).
L’objectif de ce cadre est de créer un environnement sécurisant pour que chacun puisse s’exprimer et partager son propre point de vue.
La formation ne vise nullement l’intention de faire ingurgiter aux participants que toutes les théories du complot sont des mensonges ou au contraire, qu’elles ont leur raison d’être. Chacun est invité à se forger sa propre opinion en questionnant ces médias.
Plan de la formation
Généralement, nous commençons une journée de formation par l’une ou l’autre activité de présentation ou de « brise-glace », en lien avec la thématique, permettant d’apprendre à mieux se connaître et à prendre sa place dans le groupe. Nous renvoyons aux nombreuses références dans ce cadre.
Ensuite, nous posons les premières définitions et délimitations, concernant les concepts que nous allons utiliser tout au long de la journée :
- Rumeurs
- Désinformation
- Complot
- Théorie(s) du complot
- Complotisme
Après cela, sur base du mémoire de Master en éducation aux médias de Carmen Michels, nous construisons et appliquons une grille d’analyse à des documents médiatiques (dont complotistes), s’interrogeant sur les cinq dimensions suivantes d’un document :
- Faits
- Auteur
- Média diffuseur
- Source
- Structure argumentative
Nous interrogeons également la rhétorique complotiste, arguments fallacieux et biais cognitifs (irréfutabilité et pétition de principe, etc.), ainsi que les notions de « chambre d’écho » et « bulles de filtres ».
Nous pratiquons enfin l’une ou l’autre activité de « décentration », c’est-à-dire de prise en considération du point de vue de l’autre, par des mises en situation.
Avec le groupe d’adultes, nous abordons aussi des prolongements pédagogiques, sous la forme d’une « intervision », c’est-à-dire un échange d’idées et de bonnes pratiques de terrain : comment réagir lors d’un désaccord dans le cadre d’une argumentation complotiste ? Comment développer une réflexion pédagogique à leur égard ?
Activité de présentation du groupe
Par 2, chacun dit son nom et son prénom ainsi que ses objectifs, défis ou questionnements par rapport au thème (ce qui les amène, pour quelle raison ils sont là).
Ensuite, il y a une présentation croisée en grand groupe.
Etant donné que nous avons proposé le module à des jeunes volontaires durant des congés scolaires, nous avons estimé judicieux de leur proposer une seconde activité « ludique » leur permettant d’apprendre à se connaître davantage et de se sentir plus à l’aise dans le groupe.
Voici deux exemples d’activités réalisées à l’Université de Paix asbl :
a- « Cartes coupées »
Les participants reçoivent une demi-carte chacun (exemple : la moitié d’une dame de pique), puis se les échangent mutuellement plusieurs fois, en se disant leurs noms et prénoms. Ce temps d’échange de cartes peut être accompagné de musique.
Ensuite, les échanges s’arrêtent et la consigne est de retrouver la personne qui détient l’« autre moitié » de la carte qui correspond à celle qu’ils possèdent à ce moment-là.
Enfin, ils discutent en binômes pendant 1 minute d’un thème prédéfini.
Exemples de thèmes : une chose qui me détend, un rêve que j’ai dans la vie, mon style de musique, un sport que je pratique ou que j’apprécie, etc.
On peut prendre aussi des thèmes liés au sujet : pourquoi je suis ici à cette formation, une théorie du complot qui me fait douter, un sujet que je voudrais aborder aujourd’hui…
On refait cela 3 ou 4 fois d’affilée :
- Echange de cartes (elles passent de mains en mains)
- Temps de discussion de 1 minute entre « binômes »
b- « Domino »
Les participants doivent trouver un point commun visible avec leurs voisins de gauche et de droite (exemples : on porte tous les deux un jeans, on porte des lunettes, on est des garçons, etc.).
Ensuite, ils doivent trouver un point commun invisible (et donc échanger)…
Ces activités sont supposées permettre de développer la confiance nécessaire à la prise de parole dans le groupe. Elles peuvent aussi être discutées en lien avec nos attitudes par rapport à la prise de parole.
Gesellschaftsspiel Mind Game Domino Play Dominoes
Présentation des objectifs
- Apprendre à identifier les « logiques » complotistes et à les « décoder »
- Développer un réflexe de questionnement (« habits of inquiry », habitudes de questionnement), non seulement à l’encontre des théories du complot, mais plus largement à l’encontre de tout document médiatique.
- Par exemple, interroger la source d’un document, se renseigner quant à son ou ses auteurs et à leurs intentions, le croiser avec d’autres sources d’un autre type…
- Prendre conscience de la pluralité et de la diversité des croyances, des points de vue et des perspectives
- Émettre des hypothèses quant aux intentions qui constituent un message, et à la multiplicité des interprétations et réappropriations qu’il peut susciter
- Comprendre les dynamiques sociales derrière la propagation d’« informations », de nouvelles (qu’elles soient « vraies » ou « fausses »)
- Développer une réflexion sur les usages et enjeux des technologies et des réseaux en ligne
- Élaborer des pistes d’argumentation constructive face à des attitudes complotistes
Des liens sont effectués avec les motivations et questionnements des participants.