Work-shop : Découvrez le médiateur créatif en vous. Semaine de la médiation 19/10/2018
Par Almudena Vaquerizo Gilsanz.
Pour la troisième année consécutive, l’Université de Paix asbl à Namur s’est inscrite dans le cadre de la semaine de la médiation et collabore avec l’UBMP et la CFM.
La créativité est avant tout un positionnement pour regarder « autrement », une attitude face aux situations qui nous fera chercher des nouvelles pistes, des nouvelles solutions sans nous contenter des « évidentes ».
Regarder autrement, voilà un outil précieux pour le médiateur : quand les mots sont usés, quand ça bloque, pourquoi ne pas essayer d’autres chemins ?
Albert Einstein disait : « La folie c’est de refaire toujours la même chose et s’attendre à ce que les résultats soient différents ».
Cet atelier a accueilli une vingtaine de personnes enthousiastes et motivées à découvrir comment éveiller cette manière de voir le monde avec un regard différent.
Silvia Casanovas, celle qui a éveillé en moi de manière incroyable ce regard lors d’un séjour à « La galeria de la mediación » à Barcelone, était avec nous cet après-midi (je la sentais à mes cotés, même à 1300km de Namur).
Nous avons commencé par explorer la définition de créativité avec la question suivante :
Quelles qualités vous donnez-vous aux personnes que vous qualifiez d’inspirantes, de créatives ? Voici les réponses qui sont apparues, avec un certain consensus autour de :
- Artiste
- Inspir-ant (cherche de l’air)
- Ouverture d’esprit
- Non jugement
- Curiosité
- Vision(s) différente(s)
- Solutions inattendues
- Ludique
- Pas peur de « se planter »
Et voilà donc exactement les composantes de la créativité !
Les personnes qualifiées de créatives, simplement laissent libre cours à leurs pensées, avec un esprit curieux et ouvert, elles explorent des nouvelles pistes, elles expérimentent…et elles acceptent l’erreur comme une magnifique opportunité d’apprendre (au minimum ce qui n’a pas fonctionné).
« Je n’ai pas échoué, j’ai juste trouvé 10000 moyens de ne pas faire fonctionner une ampoule » déclarait Thomas Edison
Le message qui voulait être transmis lors de ce work shop est que la créativité, cela se travaille, comme un muscle, et que si vous trouvez que vous n’êtes pas très créatif, c’est simplement parce que vous manquez d’entrainement (un peu comme quand vous faites du sport après un long moment d’inactivité et vous avez des courbatures… Avec de l’entrainement, elles disparaissent et les exercices deviennent moins énergivores).
Mon mot préféré dans ceux proposés plus haut est « ludique », je vous invite à découvrir votre style de médiateur, quel médiateur suis-je, quel est mon style, celui qui « me colle à la peau si bien » ?
Pour répondre à cette question, nous avons fait un petit décalage de contexte : « Quelles activités faites-vous avec plaisir et aisance dans votre vie quotidienne et qui font appel à votre créativité ? ». Voici quelques réponses du groupe :
- Décorer
- Bricoler
- Danser
- Chanter
- Faire du théâtre
- Dessiner
- Imaginer les formes des nuages
- Combiner des couleurs
- Me débrouiller, trouver des « plans b »
- Détourner des objets de leur utilisation première ? (lève la main qui a déjà serré une vis avec une pointe de couteau « qui ne coupe pas » 😉
- Me perdre et explorer des nouveaux chemins lorsque je suis en promenade, en vacances
- Découvrir des nouveaux restaurants
- Revisiter des recettes de cuisine
- Pratiquer la pleine conscience
- Rire de mes erreurs (à ce propos j’emprunte une phrase que j’ai entendu dire à Maria Ruisi et Sehriban Saritas, collègues médiatrices : « Plus je me plante, plus je pousse »
- Observer dans le moindre détail un objet….
Toutes ces activités travaillent dans le même sens : intuition, globalité, curiosité, exploration, émotion, sensations…
Comment aider la créativité à pointer son nez ? Olivier Roisin m’a dit un jour en préparant cet atelier : « Le cadre et la contrainte sont les amis de la créativité », être créatif n’est pas uniquement, « se laisser aller au délire », il y a des méthodes pour la booster et l’éveiller.
Nous avons sauté, d’abord presque tous de la même manière, ensuite avec diverses consignes, nous avons multiplié les possibilités de nos sauts : sur un pied, les deux, devant, derrière ou sur place, avec bruit ou sans bruit, grands sauts, petits sauts… puis le groupe s’est vite mis à combiner les possibilités, je vous laisse calculer pour ceux qui se souviennent de variables en math, le grand nombre de possibilités différentes d’effectuer un saut.
Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas de développer sa créativité en médiation. Il s’agit de travailler l’art de regarder autrement tout court, et en séance de médiation, cette capacité fera apparition.
Et lorsque les participants ont imaginé comment introduire la créativité dans leur travail, voici quelques réponses :
- un conte pour expliquer un concept
- afficher des phrases, des images inspirantes dans la salle de médiation (sur les émotions, les silences, les questions, la communication, les relations, les croyances, les interprétations, le conflit….)
- décorer la salle avec des objets symboliques, une peinture, une photo…
- des marionnettes pour « changer de rôle »
- un objet drôle pour lancer le « et si… » quand il s’agit de proposer des solutions
- des petits personnages pour symboliser un récit
- une photographie d’un choix d’objets pour symboliser un accord…
- une histoire drôle pour faire descendre la tension…
Je reviens sur le mot « ludique », cet après-midi l’était car c’est en prenant du plaisir que nous travaillons le mieux.
Je vous invite donc à utiliser ce qui vous parle, et tester « si vous le sentez bien », à ce moment-là il y a beaucoup de chances qu’elle fonctionnera, parce que vous l’investissez, parce que vous incarnerez ce que vous proposez, et ce faisant les personnes en conflit seront peut-être embarquées dans cette manière d’affronter la situation AUTREMENT !
La créativité a évidemment besoin aussi d’un cerveau qui analyse, qui trie, qui évalue…. mais ça, c’est pour un autre article…
Pour terminer cet article, j’ai envie de remercier Olivier Roisin et Pascaline Gosuin pour m’avoir aidée à mettre en ébullition mes idées un après-midi de plaisir partagé… autour d’une tablette de chocolat (je vous l’ai déjà dit, la créativité marche mieux quand il y a du plaisir 😉).