Le 28 mars 2005, Isabelle Filliozat était invitée à l’Université de Paix pour une conférence « Les secrets de la confiance en soi ». Christine Cuvelier en a profité pour s’entretenir avec elle.
Un entretien initialement publié dans le trimestriel n°94 de l’Université de Paix, en 2006.
Entretien avec Isabelle Filliozat
Question : Si nous te demandons de te présenter brièvement, que nous dis-tu ?
Je suis très curieuse, j’ai la passion d’apprendre, de comprendre le monde qui m’entoure, comme celui qui vibre à l’intérieur de moi. J’aime les rencontres de cœur à cœur, discuter, lire, et faire la cuisine.
Question : Tu as fondé ta propre approche d’intervention et tu es spécialisée dans la grammaire des émotions. Que peux-tu nous en dire ?
Je reçois des clients en thérapie depuis vingt quatre ans, j’ai intégré mes différentes formations et tout ce que j’ai appris au contact de mes clients, ce qui fait qu’aujourd’hui, je ne peux pas dire que je pratique telle ou telle technique. La thérapie pour moi, c’est avant tout la rencontre avec une personne. Nous n’avons pas appris grand chose à l’école sur nos émotions, pour la plupart d’entre nous, nous ne savons même pas faire la différence entre une émotion et un sentiment. Nous sommes démunis devant le deuil, la peur, la colère… Les émotions font pourtant partie de notre quotidien, et mal gérées, elles altèrent nos relations, nous plongent dans des abîmes de douleur et de violence. Décrire la grammaire des émotions, comment cet univers affectif fonctionne m’a paru plus qu’utile. Quand on est au clair avec ses propres émotions et que l’on sait accueillir celles des autres, on a déjà un bon passeport pour le bonheur.
Question : « Fais-toi confiance ou comment être à l’aise en toutes circonstances » est le dixième livre que tu publies. Pourquoi avoir écrit ce livre ?
C’est drôle cette question, on me la pose presque systématiquement alors qu’on ne me l’a pas demandé pour aucun des autres… il semblerait qu’écrire sur la confiance soit suspect ! Pourquoi ? Pourquoi pas ? C’est si important d’avoir confiance en soi dans l’existence. Et si chacun avait davantage confiance en lui, osait prendre sa place dans sa vie et dans le monde, ce serait un pas vers une possible démocratie ! J’en avais assez aussi d’entendre toutes sortes d’illusions et de préjugés sur la confiance, j’ai voulu déblayer cette notion, et aider tout un chacun à prendre sa place.
Question : Comment expliques-tu le succès que rencontrent tes ouvrages ?
Mes lecteurs me disent que je leur parle d’eux, qu’ils se retrouvent dans mes livres, et que je mets des mots sur ce qu’ils pressentaient. Ils apprécient la clarté de mon langage, car si j’aime la belle langue et travaille mes phrases, je refuse le jargon psy.
Question : Depuis de nombreuses années, tu interviens régulièrement dans notre programme d’activités par des formations, conférences,… Qu’est-ce que cette collaboration t’apporte ?
J’apprécie de me sentir en lien avec un mouvement non-violent, avec une structure au service de valeurs qui sont les miennes. J’ai l’impression de collaborer à une œuvre plus grande.
Question : Qu’aimerais-tu que nous te souhaitions ?
Une bonne santé, et de voir mes enfants grandir dans une société fondée sur le respect et la non-violence.
Question : Le mot de la fin pour toi, ce serait…
Osons la confiance en nous, prenons notre place dans le monde pour ne plus nous plaindre de ce qu’il n’est pas.