« La plus haute forme de l’intelligence humaine est la capacité d’observer sans évaluer » (Krishnamurti)
Par Ophélie Corbisier, participante au Certificat en gestion de conflits interpersonnels 2017-2018.
Si je dois citer un élément de la formation qui m’a marquée, c’est la notion d’observation.
L’observation doit être une description sans jugements. Pour illustrer mes propos, je vais utiliser Marshall Rosenberg, créateur de la communication non violente (CNV) qui en parle en ces termes : « Ce que j’entends par une « observation » se réfère à ce que nous pouvons voir, entendre, ou toucher — ce qui peut être enregistré avec une caméra vidéo. Une observation est purement descriptive. Par contre, un « jugement » sous-entend que l’on fait des déductions, des suppositions ou que l’on tire des conclusions à propos de ce que l’on observe ».
Observer ou évaluer ?
Depuis la formation, ma signification du mot « observer », n’est plus la même. En effet, j’ai pu prendre conscience que la plupart du temps, j’observais en évaluant. Mon regard est « conditionné » par tout ce que je suis, il est la résultante de la rencontre entre mon éducation, l’environnement dans lequel j’ai évolué ainsi que des modèles qui me semblaient bons et justes pour moi.
Par les exercices et la mise en pratique de l’apport théorique initialement donné par les formateurs, j’ai bien du me rendre à l’évidence qu’un peu trop souvent à mon goût, il m’arrivait de porter sur moi-même ainsi que sur autrui un jugement et/ou une critique.
De façon inconsciente et automatique, j’avais aussi parfois tendance à analyser et à juger la façon de faire ou d’être de ceux qui m’entouraient. Pire encore, il m’arrivait même parfois de construire des certitudes sur ce qu’ils pensaient ou penseraient de moi et de mes actes.
Lors des deux journées où les croyances limitantes et l’estime de soi ont été abordés, j’ai pu commencer à différencier beaucoup plus facilement les jugements, les croyances des faits.
Ceci dit, je sais que la mise en application de toute la théorie est un travail sur le long terme et qu’il ne suffit pas de la bonne volonté pour la vivre avec facilité et aisance. En effet, je constate que sous l’emprise de fortes émotions, je suis incapable, actuellement, de m’exprimer sans jugement, de rester uniquement dans les faits. Les émotions sont plus fortes que la raison et le « chacal » qui sommeille en moi aurait tendance à se réveiller.
L’évolution opérée depuis la formation est actuellement dans ma capacité à analyser et à faire évoluer favorablement la situation.
Ecouter les émotions
L’éveil et l’importance de l’écoute m’ont été inculqués dès mon enfance. Dans ma famille, la communication a été un des piliers fondateurs de nos relations. L’échange y était aisé.
Mes parents, mais particulièrement ma maman, ont pris soin de mettre en place des moments de dialogues afin que nous puissons nous sentir en sécurité et à l’aise pour parler ou demander conseil.
Chaque enfant était écouté avec la même qualité d’écoute, et cela, peu importe le sujet abordé ou ce que nous avions à dire. La règle de base était de ne pas couper la parole et pour cela nous utilisions un bâton de parole. Celui-ci nous avait été offert par Jacques Salomé lors de l’une de nos rencontres. Grâce à ces journées passées à ses côtés, nous avons aussi appris à mettre des mots sur nos émotions, à les identifier et à les accepter.
Au-delà du constat que ces connaissances étaient déjà bien intégrées, ce week-end a ancré en moi définitivement la chance que j’avais d’être née dans ma famille.
Le DESC, un outil pour s’affirmer
Lorsque la notion d’affirmation de soi a été abordée, j’ai pris connaissance d’un nouvel outil, le DESC (Description (des faits de la situation) – Expression (des émotions / des besoins), Suggestion de Solutions et Conséquences de celles-ci pour les différentes parties).
Celui-ci n’a pas été évident à intégrer. J’ai dû relire mes notes et reprendre plusieurs situations vécues sous la loupe de celui-ci. Je peux actuellement réaliser une analyse DESC uniquement lorsque je prends du recul sur des situations vécues avec émotions.
Les « jeux de pouvoir »
Le week-end qui abordait la notion de « pouvoir et moi » m’a complètement épuisée ! J’ai découvert le pouvoir de chacun d’entre nous et cela m’a déstabilisée.
Une foule de questions m’ont traversé l’esprit durant ce week-end, au point que j’ai préféré m’isoler un moment après une activité :
- « Pourquoi as-tu mis en avant ton côté de compétitrice dans ce jeu ? »
- « Comment cela se fait-il que tu n’aies pas agi plus tôt comme tu l’as fait ? »
- « Pourquoi n’as tu pas été, particulièrement lors de ce jeu, sensible à ce que les autres ressentaient ? »
- « Tu avais le pouvoir de ne jamais arrêter ce jeu, te sentais-tu bien avec cela ? »
- « Quel impact la force du groupe a-t-elle sur toi ? »
Toutes ces questions m’ont vraiment interpelée et bouleversée. À l’issue d’un des jeux, je me suis sentie soulagée, mais épuisée !
À ce jour, même si je suis convaincue que le pouvoir est inhérent à la vie et à l’égo, je ne me sens pas encore capable d’avoir une juste clairvoyance quant à mon rapport à celui-ci. J’oscille entre l’idée que ce n’est pas toujours quelque chose de positif et qu’en même temps il est partout et il se joue inlassablement dans de nombreuses relations humaines et dans la société.
La négociation gagnant-gagnant est possible… Vraiment ?
Force était de constater que je n’étais pas à l’aise avec la notion de négociation et qu’il m’était même parfois difficile d’y accéder à celle-ci. La négociation me plonge directement dans une notion de perte. Que suis-je prête à perdre de moi pour le bien des deux ? La question est en cours de cheminement…
La médiation, un métier et une posture
Les 2 journées de formation traitant du thème de la médiation m’ont bouleversée.
J’ai présenté au groupe un exemple de conflit personnel que je voulais travailler en jeu de rôle. Celui-ci m’a permis de percevoir la réalité de l’autre partie autrement et de me mettre en empathie avec elle. Il m’a fallu quelques jours pour m’avancer sur la piste de cette souffrance et d’en parler avec elle… mais cela nous a aider à avancer dans notre résolution de conflit.
Je n’ai, précédemment, jamais été face à une médiatrice. J’apprécie cette fonction, car je la sens bénéfique dans toutes situations conflictuelles. J’aimerais pouvoir faire de la médiation l’une de mes compétences principales.
Tous ces week-ends ont été pour moi, non seulement enrichissants, mais également bénéfiques dans mon quotidien.
À la sortie de cette formation, j’ai la ferme conviction que je me sentirai probablement beaucoup plus sereine et épanouie dans mes relations aux autres et que la vie aura encore plus de saveurs et de couleurs.
J’ai pourtant la conscience que tout ce bagage théorique ne peut être une fin en soi.
Qu’il n’est qu’un départ d’un voyage au pays de soi.
La théorie comme beaucoup de théories qui arpentent les sentiers des relations humaines, sont belles, nous émerveillent, nous donnent l’envie de…
Mais le chemin de la digestion, de l’intégration, de la mise en application de celle-ci n’est pas de tout repos. Il ne s’agit pas seulement d’une acquisition d’informations, d’un savoir-connaître dont il était question durant ces jours de formations, mais bien de développer un savoir-être et un savoir-devenir.
Il va m’en falloir de la force et du courage pour me déshabiller de ces vieux réflexes qui, mine de rien, m’ont quand même bien permis de me protéger et de me défendre face à certaines situations où je pouvais me sentir en danger. Le chemin est long et sinueux, mais pas impossible ! La motivation y est et mes objectifs bien définis :
- Mon objectif à court terme est de faire des DESC avec certains de mes proches.
- Mon objectif à long terme est d’aller de plus en plus vers la plus haute forme d’intelligence humaine en sortant du jugement d’autrui et de soi !
J’avais envoyé ma candidature avec énormément d’enthousiasme, et ce sentiment est resté présent tout au long du Certificat.